Une petite fille se souvient de Monsieur Maurice Métral

Assise sur le bord de la fontaine du village, la petite fille regarde passer un jeune homme de belle allure, marchant d’un pas alerte et la tête baissée. Intriguée par le jeune homme, la petite fille demande à sa maman : « C’est qui, ce monsieur : ». La maman lui répond : « C’est un cousin de Grône; il va prendre le train à la gare de Granges ».

Je suppose que, compositeur précoce de pièces de théâtre, il réfléchissait aux personnages qu’il allait faire évoluer sur scène, ou c’était peut-être sa future carrière d’écrivain qui s’esquissait-elle devant ses yeux ?

Quelques années plus tard, ma maman m’explique, non sans quelque fierté, que Maurice Métral – Le Cousin – est à la fois professeur à Bex, journaliste et écrivain. « Ben dis donc … » s’exclama, admirative, la jeune fille que j’étais devenue entre-temps.

J’ai lu quelques-uns de ses romans, qui étaient grandement appréciés dans les milieux littéraires et scolaires. La France, en particulier, reconnut son talent en lui décernant de nombreux prix, et, pour couronner sa longue carrière d’écrivain, la Légion d’Honneur. M’ont spécialement impressionnée son roman « le Carrefour des Offensés » et son dernier ouvrage « La Mort Donnée ».

En l’an 2000, le hasard fit que nous soyons voisins, dans le quartier des Combes à Grimisuat. J’y rencontrai un homme très avenant. J’eus avec lui et son épouse Angéla quelques conversations courtes et agréables. Je découvris alors le visage du jeune homme un peu mystérieux qui traversait, tête baissée, le village de Granges, et qui m’était resté gravé en mémoire.

J’écris ces quelques mots aussi en souvenir de ma maman Henriette, qui était une cousine et amie de la maman de Maurice.

Grimisuat, le 14 janvier 2019
Astrid Guerry-Vuissoz