Je n’ai pas eu le privilège de rencontrer Maurice Métral. Ceci ne m’empêche pas d’avoir ressenti sa présence.
La présence d’un homme, d’une stature, que je découvrais dans les pages du journal, son allure de gentleman lorsque la presse rendait compte de son activité à la tête de la Renaissance française pour la Suisse, une manière pour lui de s’engager, au-delà de son travail d’écrivain, pour la culture, la solidarité et la francophonie.
La langue et le Valais constituaient sa patrie. Le Valais d’abord, puisqu’il a contribué à le façonner de ses mains, par son travail sur les grands barrages, la grande aventure du milieu du vingtième siècle du canton qui l’a vu naître. La langue ensuite, intimement liée au premier, à travers son travail d’enseignant, de journaliste et d’écrivain. Tous ces engagements ont en commun la rigueur, celle que lui reconnaissent notamment ses anciens collègues de la Feuille d’Avis du Valais dont l’un d’entre-deux me confiait le jour de l’adieu que c’était à son maître qu’il venait rendre hommage, et la persévérance dont témoigne la bibliographie d’une œuvre qui fut le lieu où Maurice Métral a réuni ses deux patries.
L’être humain, dans le contexte du Valais, est au cœur d’une œuvre ou la poésie et le réalisme sont convoqués pour traiter du destin de personnages qui nous ressemblent. Maurice Métral a dit et magnifié l’ici et l’a déposé, sous la forme de nombreux romans, sur la table des familles d’ici et d’ailleurs. Ses romans évoquent ces moments de rupture de la seconde moitié du vingtième siècle au sein des communautés alpines. Ils soulignent combien le parcours de vie de chacun est une part du destin de l’humanité. Son succès populaire dit mieux que tout discours la réussite de son ambition : construire une famille, un village, le pays.
Sion, le 14 janvier 2018
Jacques Cordonier
Chef du Service de la culture du Canton du Valais