Aujourd'hui, je vous écris pour vous dire combien notre amitié s'est forgée, ces dernières années. Elle n'a pas été interrompue par votre départ si subi.
Faut-il se souvenir des merveilleux moments passés ensemble à discuter des actualités, des nouveautés littéraires et de la réalité de la vie que vous aimiez tant. Vous aviez une soif d'apprendre dans tous les sujets : Politique, Science, Economie, Sport... que sais-je encore !
Vous parliez de votre nouveau roman : "La Mort Donnée" peut-être était-il prémonitoire ? Je n'ai aucune réponse à cette question, tant vous saviez mettre vos invités dans l'aisance.
Pendant nos entretiens, vous aimiez discourir sur vos amis littéraires, sur le peut d'intérêt porté aux jeunes talents par les Ministères de la Culture de tous les pays. Souvent, je ne partageais pas votre point de vue, mais on finissait toujours par se mettre d'accord.
Je vous vois encore contrarié, et d'un geste rapide vous lissiez votre visage souvent fatigué. Et, pourtant vous paraissiez en pleine forme, tant des discussions étaient nourries.
Pour ma part, j'avais devant moi, un auteur à succès qui a confectionné soixante-dix romans et plusieurs pièces de théâtre. Que dire des poèmes qui se chiffrent par milliers.
Une montagne impressionnante de littérature concoctée pendant cinquante ans et une intense vie de coeur au service de votre famille.
Cette famille qui vous pleure encore et qui ne comprend rien de ce départ brusqué. Vous aviez encore tellement de choses à donner à tous.
Notre première entrevue fut inoubliable. Je vous avais aperçu au milieu d'un lot d'écrivains de notre canton et malgré l'invitation que j'avais en poche, je n'avais pas de place. Tous les stands étaient occupés et je m'apprêtais à quitter les lieux. Me prenant, alors, par le bras, vous m'aviez invité à partager votre place , malgré l'étroitesse des lieux. Un geste que je n'oublierai jamais.
Ensemble, ce fut ensuite des dédicaces dans tout le Valais central et aussi au salon du livre à Genève. Des rencontres inédites et merveilleuses.
Vous aviez reproduit dans vos romans, la vie des gens de votre région avec sincérité et fidélité.
De multiples diplômes et médailles, surtout de l'étranger, vous ont été décernés. Je pense à la médaille de l'Académie Française et, pour couronner le tout, celle de Chevalier de la Légion d'Honneur que vous n'avez pas pu savourer longtemps.
Vous aviez, Monsieur Métral, des fidèles lecteurs dans toute la Suisse et aussi dans les pays francophones.
Souvent, vous me reprochiez de saboter la littérature avec notre propagation de la Télévision. Vous disiez, avec un sourire narquois: "l'image tue le livre".
J'essayais de vous en dissuader.
Maintenant, je veux méditer mes phrases, histoire d'être en symbiose avec vous et de me rappeler vos appels qui me furent absolument indispensables.
Le téléphone sonne :
- Oui!
- OOOO
- Bonjour? Monsieur Métral. Comment allez-vous ?
- OOOO
- D'accord !
- OOOO
- Je serai chez vous dans un instant!
Dans ma voiture, souvent, je pense aux heures magnifiques que je partageais avec celui que j'admirais et admire encore dans mon coeur.
Je revois les dames papoter sur la pelouse en admirant le paysage et, au salon... le monde était façonné à notre idée.
Pendant ce temps, je continuais de vider la bouteille de whisky, vieille de quarante ans...
Merci du fond du coeur, Monsieur Métral, que je considère comme un véritable ami, de m'avoir fait partager votre merveilleux univers.
Soyez heureux et en paix dans l'autre monde !
Le 10 novembre 2008
Serge Michelotti
Un ami qui ne pourra jamais vous oublier !