L’union d’Emile et Marie Métral (Sartoretti) s’est composée de 10 enfants dont 6 vivants actuellement. De cette fratrie, 2 artistes ont vu le jour : Roger, l’aîné pour la musique et le football et mon oncle Maurice pour la langue française.
Mon oncle Maurice, dont on se souvient encore 15 après, est né dans une maison « ROSE » avec en face, la fontaine tant chérie par mon oncle qui se rappelle de sa mère allant faire la lessive.
Il faut aussi se souvenir que Maurice a fait toutes ses classes à Grône (petit village valaisan que chérissait mon oncle).
Dès son plus jeune âge, il montra un intérêt tout particulier pour le français.
Ses instituteurs et en particulier Monsieur Maurice MICHELLOUD lui ont apporté toute l’aide nécessaire afin qu’il puisse s’épanouir dans son écriture de cette merveilleuse langue, mais ô combien compliquée qu’est le FRANÇAIS. Comme à l’accoutumée, chaque vendredi, son instituteur, M. Maurice MICHELLOUD donnait une rédaction à exécuter pour le lundi matin. La coutume voulait que la meilleure fût lue en classe et à chaque fois mon oncle Maurice avait droit à cet honneur. Je crois savoir que l’instituteur avait gardé toutes ses rédactions, je ne sais s’il les lui a redonnées par la suite ?
Le curé de Grône, émerveillé par le talent du jeune Maurice lui demandait régulièrement, lors de réceptions de personnalités, de faire un discours de bienvenue. Son père Emile lui donnait le sujet à traiter mais Maurice écrivait ce qui l’inspirait, ce qui lui plaisait, ceci lui a valu des remontrances très sévères.
Autre fait : vers ses 14/18 ans, Maurice se plaçait au centre du village où se trouvait un dépôt de bois. A l’aide d’une bougie qu’il fixait préalablement sur un tronc, il lisait ses poèmes, ses vers à la population qui l’écoutait émerveillée dans un silence total où seuls les applaudissements résonnaient.
En 1943, à ses 14 ans, sa très chère maman qu’il chérissait plus que tout, décédait, ce qui mit sa famille et Maurice en particulier dans un désarroi total. Il se cramponna, se recroquevilla sur lui-même avec courage et abnégation ; il s’est mis dans une forme de bulle et continua à parfaire son français.
Le théâtre :
Vers ses 17 ans, Maurice écrivit diverses pièces dont une avec comme base Robespierre intitulée « Le maître de la terreur ». Cette pièce a eu un très grand succès. Les spectateurs venaient même des villages environnants. L’année suivante, il remit cela avec une comédie dramatique intitulée « La mort a donné rendez-vous ».
Son périple professionnel l’a emmené comme charpentier au sein de l’entreprise familiale, au barrage de la Grande Dixence.
Un jour, par hasard son regard vint à croiser celui d’une jeune, belle et charmante italienne du Nord, prénommée Angéla Romelli et le destin voulu qu’il l’épousa en 1952 ; cinq enfants ont scellé cette union
Son œuvre lui a valu une première récompense communale. Il fut nommé
« Bourgeois d’Honneur » en 1985.
La Renaissance Française, placée sous le haut patronage du Préfet de la Ville de Paris Monsieur Roger DUMOULIN, ce dernier nomma Maurice comme président suisse de la Renaissance Française.
Sur conseil de mon oncle, Roger Dumoulin nous avait fait l’honneur de choisir le château Morestel et le hameau de Loye pour la remise solennelle des décorations, insignes et diplômes en collaboration avec la Société de Développement de Grône-Loye.
En 1995, la cérémonie officielle a eu lieu à la scierie de Loye. Les mérites ont été remis par le Vice-consul de France en Valais. Force a été de reconnaître que par la notoriété apportée à Grône, à Loye et sa région, une dynamique, une publicité, et une image telle de notre commune ainsi que son bénéfice a été incommensurable et inestimable.
Maurice nous laisse, au final, de nombreux poèmes, écrits et essais complétant une septantaine de livres dont son autobiographie sur sa jeunesse au sein de sa famille et amies, titré
« Ce haut pays dont je suis l’enfance ». Cet ouvrage décrit aussi bien Grône de la plaine à la montagne. Cette autobiographie est qualifiée comme références par ses pères.
Le conseil communal de Grône a décidé de lui dédier une place à son nom devant laquelle nous avons été conviés le 20 octobre 2012 pour son inauguration. On peut constater qu’elle est composée de 7 colonnes. Pour connaître son origine, il faut remonter à la mythologie grecque. En effet, Zeus, dieu grec, a eu 9 déesses dont le 7ème Polymnie est déesse de la poésie d’où l’explication des 7 stèles.
Pour faire plus simple : Le Président de la Commune et son architecte ont expliqué à notre famille que chaque stèle représentait un membre de la famille de Maurice. Donc 5 enfants et les parents.
Maurice a certes habité définitivement Grimisuat mais, son cœur est resté « enfant de Grône ».
Le Conseil communal de Grône, et toute la communauté grônarde lui a dédié ce mémorial pour son œuvre.( les très nombreux prix et récompenses qu’il a perçus).
Cher oncle tu as écrit dans ta vie en symbiose avec la littérature française mais aussi tu as porté au loin, ton don de l’écriture c’est-à-dire dans tous les pays francophones même jusqu’à
La Légion D’Honneur (La plus grande distinction française pour une œuvre complète)
Il ne fait aucun doute que Maurice, par sa notoriété, est et restera pour nous un ambassadeur.
Nos remerciements vont aussi à ses enfants mais tout particulièrement à son épouse Angèle, qui fut au court de sa vie son inspiratrice et sa muse !
Cher Maurice, si tu nous entends, un grand MERCI pour ton héritage. Tu as su conjuguer le verbe avec excellence, tu as utilisé l’adjectif qualificatif avec délicatesse et justesse, ton imaginaire débordant de connaissance et de finesse et de la langue française est impressionnant. Quelques feuilles de papier, une plume et ton intellec, tu écrivais en osmose avec les personnages des chapitres, chapitres tous plus passionnants les uns que les autres.
Les pleins et les déliés s’enchainaient à des rythmes et des cadences en une frénésie grammaticale. Tu écrivais avec une telle Maestria qu’il semble que tu « dansais » avec ton art, c’est-à-dire la langue française.
Il semblait que tu chantais ces personnages, ces héros du moment, que ta main effilée, légère, précise, utilisait la plume avec minutie de l’orfèvre ; orfèvre de tes mots, de tes phrases en lettres d’or, sortie sur le pourtour de diamants et autres pierres précieuses multicolores et que ceci forme une final un « arc-en-ciel » arc-en-ciel qui, brille en chacun d’entre nous encore après 15 ans.
Comme tu le disais si bien : ton empreinte reste sous forme d’héritage que les passionnés de lecture présents et futurs pourront apprécier et se délecter de tes livres et ce à jamais.
Merci pour nous avoir tant donné en culture et tu restes un « grand personnage » dans nos cœurs.
Grône, fin 2015
Michel Métral
Ton neveu